Emoi n°1
# Selina renaît

Disparue, perdue, abandonnée,
elle revient. Selina renaît féline,
féminine, forte et fatale.

Qu’est-elle venue chercher ?
Retrouver ? Reprendre ?

Jusqu’où ira-t-elle pour toi, spectateur ?
La ligne rouge ne semble pas l’effrayer.
Elle l’aborde et l’arbore
avec sérénité et assurance.
La franchira-t-elle ?
L’a-t-elle déjà franchie ?

Emoi n°4
# Tula émerge

Tula émerge dans un bleu profond,
perce un rouge éclatant,
et ravive, en un seul printemps,
la mémoire des hommes.

L’atlante issue des profondeurs
porte sur les lèvres
la surprise et l’étonnement.

Qu’as-tu donc fait
de tous ces siècles passés,
spectateur du temps présent ?

Emoi n°7
# Robin persiste

Don’t cry, resist !

Robin demeure inébranlable
au fond d’un rouge radical
Elle a la révolte sourde,
mais la rage ferme et élevée.

Qui peut encore demeurer inactif
devant cette injonction ?

Emoi n°2
# Diana révèle

Enfant du paradis,
elle surgit au coeur d’un pourpre
féminin et puissant.

Ses ailes de métal
ne mentent pas, spectateur.
Elles signalent et alertent :
c’est ici et maintenant
que tout se joue.

Tournée vers toi,
Diana ne te regarde pas.
Elle éclaire, attend et écoute,
dans une exigence de vérité
qui t’enlace et t’enserre.

Que lui diras-tu ?

Emoi n°5
# Kathleen témoigne

Kathleen est forte.
Femme puissante,
elle se pose et s’impose.

Elle ne craint rien,
car c’est dans le rouge sang
des luttes qu’elle préserve pour toi
des acquis d’un blanc éclatant.

Tu as été libre, spectateur,
libre et autonome.

Elle en demeure
le témoin éternel.

Emoi n°3
# Iris revient

Iris n’est jamais partie.
Elle-même est surprise d’être-là
aujourd’hui, devant toi.

Apparition-flash,
une fois encore, pour renverser
la fatale destinée
des siens ?

Si elle est là,
c’est sans doute que
tout reste encore possible,
non !?

Emoi n°6
# Johanne rappelle

100 ans et une voix
pour un sourire de victoire.

Johanne l’a dit ! Johanne l’a fait !

Et si de son corps
aucune relique ne subsiste,
sa voix sûre et lumineuse
rappelle encore l’évidence.

Ecoute, spectateur,
tu es toi aussi l’interlocuteur
privilégié de la vérité,
l’acteur de ta victoire.

"MEMOIRE & MOI"des oeuvres numériquesdisponibles en NFTsur objkt.comvia MyNFTpARTner!

Image

Mémoire & moi

Sans regard, elles me regardent, en noir et blanc, au milieu de couleurs pop. Je ne sais si je dois accourir vers leurs promesses de légèreté et de joie, ou fuir ces têtes coupées avec effroi. Douces, lisses, rassurantes et si inoffensives, ces héroïnes du quotidien affichent pourtant les signes d’une puissance invincible. Flash, ailes, trident… Signes discrets qui discréditent la représentation. Le sens se perd, et le spectateur avec lui.

Il n’y a rien de léger. Ou alors, tout est si léger que même la terre se dérobe sous nos pieds. Alors, raccrochons-nous à cet arbre, à cet espace clair et lumineux d’où il s’élève, étend ses branches et ouvre ses bras. Ne nous dit-il pas qu’il n’y a de mémoire que vivante, qu’il suffirait de soulever la cloche pour que se déploie le sens longtemps préservé, celui de nos origines, celui où s’enracine la vérité que, chacun, à chaque instant, recherche ?

La mémoire n’est pas un grimoire. Elle offre à celui qui accepte de la vivre, l’expérience sensible de la connaissance, celle de la reconnaissance, qui se souvient et dit : « mais oui, c’est ça ! »

Les œuvres anticonformistes de Gad demeurent dans un espace indicible où s’entrechoquent, tour à tour, le passé et le présent, la tradition et la modernité, le mystère et la lumière, le fond et la forme, le noir et la couleur, le sacré et le profane. Et dans cet entre-deux s’ouvre l’espace unique et tragique où le passé revient, non pour nous ramener en arrière, mais pour nous projeter en avant. Nous avons besoin de ce souvenir, non pour fuir, mais pour agir.

Là s’offre, en effet, toute l’étendue de notre histoire, de nos actes et de nos pensées, tout ce qui fait notre réalité, notre identité, tout ce qui te fait toi, spectateur. Témoin de tes œuvres, l’œuvre a conservé ton essence. Elle te la présente, ici et maintenant, et te dit :

« Sous cette cloche, il y a tout, il y a le passé et le présent, l’inconscient et le conscient. Il y a le regard sans lequel tu n’existerais pas toi-même. Soulèveras-tu la cloche ? »


Laria Yahia,
Philosophe